Lecteur réseau : Sonore microRendu

J’en suis à ma deuxième expérience avec la lecture de musique à travers le réseau informatique. Ma première, c’était avec l’appareil Transporter de Logitech et avec la Squeezebox 2. Je n’en parle pas sur ce site, car ces appareils ne sont plus fabriqués.

L’appareil dont il est ici question, c’est le Sonore microRendu (Sonore est la marque). Voici à quoi il ressemble dans ma chaîne hifi. (Le cylindre qui ressemble à un pied n’en fait pas partie. Il s’agit d’un vénérable Dissevi de la marque Vecteur sur lequel je l’ai posé.)

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Le microRendu « sur le terrain ».

Si l’on n’est pas un spécialiste du « computer audio », ce n’est pas forcément facile de comprendre d’après le site internet ce dont il s’agit. Je vais faire de mon mieux pour l’expliquer.

  1. En fait, il s’agit d’un ordinateur tout pareil à un Mac Mini ou à un Raspberry Pi. Seulement, c’est un ordinateur spécialisé dans une seule tâche : recevoir des données audio via un câble Ethernet et les transférer vers une sortie USB. Il fonctionne sous le système d’exploitation Linux, mais ceci est totalement invisible à l’utilisateur.
  2. Étant consacré à une seule tâche, cet ordinateur est totalement optimisé, tant au niveau du logiciel que du matériel, en vue du meilleur rendu possible de l’audio, de la musique.
  3. Comme il s’agit d’un ordinateur, il est protéiforme. Il peut apparaître sur le réseau, en tant que différents appareils. Attention, pas en même temps : on le bascule d’un mode à l’autre par une interface accessible via un navigateur internet. C’est extrêmement aisé et rapide, en sorte que cela peut être fait d’un instant à l’autre, au gré des envies et des besoins de votre session d’écoute.
  4. D’un mode à l’autre, le fonctionnement et l’utilisation ne sont pas exactement pareils, les résultats sonores non plus. Le but de ce papier n’est pas de tout détailler, mais de vous donner un aperçu lié à mon expérience avec cet appareil. Je vais décrire trois modes de fonctionnement que j’ai testés.

Mode Shairport

Ce mode est une émulation de la technologie AirPlay d’Apple. On le choisit ainsi, dans la console de configuration :

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Mode Shairport sélectionné.

Une fois basculé dans ce mode, le microRendu est visible des appareils qui sont sur le même réseau et qui sont capables d’envoyer du son sur des périphériques Airplay. Exemples (c’est l’appareil nommé “ThePlayer” que vous voyez sur les copies d’écran) :

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Tableau de contrôle « son ».

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Les réglages de la sortie d’Amarra Symphony.

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Sur un iPad, sélection du périphérique Airport.

À partir de là, rien de compliqué : on peut lire avec iTunes ou n’importe quelle autre application, on peut même envoyer du son – un podcast, par exemple – depuis un iPhone ou un iPad. Pour ma part, je fais comme je faisais avant le microRendu : je lis par iTunes, via Amarra SQ+ ou via Amarra Symphony (en attendant Amarra 4, mais ceci est une autre histoire). Rendez-vous plus loin, sur cette page, pour les résultats sonores.

Mode RoonReady

Dans ce mode, le microRendu est vu sur le réseau comme un appareil Roon ready. Cela signifie qu’un kernel Roon peut lui envoyer de la musique directement, à travers le réseau. J’expliquerai ailleurs toutes les qualités de Roon.

Mode MDP/DLNA

Dans ce mode, le microRendu apparaît comme un “player” ou une “platine réseau”. On peut alors lui envoyer de la musique qui vient d’un serveur ou d’une application compatible avec cette norme, JRiver MediaCenter, par exemple. Il existe différentes applications sur smartphones et tablettes qui permettent ainsi de piloter l’installation, c’est-à-dire sélectionner des morceaux stockés sur un serveur et les jouer à travers le microRendu sur la chaîne hifi qu’il nourrit en musique.

Résultats sonores

En un mot : magnifique ! Un deuxième ? Magique ! Après quelques jours d’utilisation, je suis enthousiaste. C’est toujours difficile de décrire l’apport de tel ou tel maillon dans une chaîne ou de tel ou tel réglage. En l’occurrence, pour dire la chose aussi simplement que possible : il y a un très significatif gain en transparence. À l’oreille, c’est un peu comme, sur un téléviseur HD, la différence entre un DVD « normal » et un Blu-ray. Je ne peux pas dire si la différence serait aussi grande sur une chaîne moins révélatrice que celle dont j’ai la chance de disposer. C’est un test que je ferai ultérieurement.

La musique paraît encore plus naturelle. La séparation spatiale des instruments est encore meilleure. La microdynamique est encore plus palpable, on sent avec facilité le vibrato de n’importe quel instrument et même au milieu d’une masse orchestrale. C’est saisissant. Les pizzicati sont encore plus nets, le piano a plus de coffre, ses notes aiguës sont plus timbrées.

Oui, c’est à ce point là. Et pourtant, ce sont des bits à l’entrée, des bits à la sortie. Les mêmes. Alors, comment cela se fait-il ? Où est la magie ? L’explication technique tient à la dépollution électrique du signal. J’expliquerai le phénomène sur une autre page. Qu’il me suffise ici de dire que c’est LE grand problème en hifi, dans le domaine numérique : toute pollution électrique qui vient se superposer au signal vient interférer avec le timing du dit signal et occasionner du jitter. C’est LE facteur le plus important pour la précision et l’exactitude de l’onde sonore à la sortie du DAC.

En anglais on parle de noise floor, ce qu’on peut traduire par le niveau du bruit de fond. C’est absolument ce qu’on ressent, à l’utilisation d’un tel appareil : au fur et à mesure que le bruit de fond recule, on a de plus en plus l’impression que la transparence augmente. On parle aussi, de manière tout aussi imagée d’un fond de plus en plus sombre, de plus en plus noir. Comme si la musique, l’image sonore, créée dans la pièce d’écoute, devenait de plus en plus évidente, de plus en plus dégagée du fond.

Et ces effets, clairement, sont attribuables tant à la qualité du software, qu’à la qualité des circuits électroniques, qu’à la qualité des isolations électromagnétiques et, surtout, à la qualité de l’alimentation électrique. Les circuits électroniques demandent d’être alimentés en courant continu, tandis que la prise secteur, dans le mur, délivre du courant alternatif à 50 Hz. Transformer ce courant alternatif en courant aussi continu et stable que possible n’est pas une mince affaire. 1 C’est pourquoi dans la hifi « haut de gamme » un soin tout particulier est accordé aux alimentations et aux blindages électriques pour protéger les circuits des radiations électromagnétiques ambiantes. C’est souvent ce qui explique la taille, le poids… et le prix des appareils, tandis que les circuits électroniques peuvent être extrêmement miniaturisés !

J’ai acheté ce microRendu avec l’alimentation « de base » qui était proposée, à 50 $, voulant me rendre compte d’abord du fonctionnement de la « bête », avant d’investir éventuellement dans une alimentation plus performante et forcément plus coûteuse. Cette alimentation à 50 $ est déjà une alimentation extrêmement soignée et « audiophile », d’après l’argumentaire de son fabriquant. J’ai pu vérifier que celui-ci ne racontait pas des histoires en alimentant le microRendu par une alimentation stabilisée de laboratoire. Une grosse alimentation (environ 2 kg) que j’avais payée 160.– il y a 20 ou 30 ans. Avec cette alimentation, le microRendu devient « mou » et un peu « brouillon », par rapport à la franchise et à la clareté ressenties avec l’alimentation « hifi ». Je n’ose imaginer ce que sera le résultat avec une alimentation « top-top-top » telle que celle proposée par Sonore. Le prix de 1’500 $ peut paraître exorbitant 2, mais, après tout ce que je viens d’expliquer, tout me porte à penser qu’il doit être justifié. Je pense bien que nous sommes à des niveaux tels que, pour avoir une amélioration sensible, on ne peut pas faire dans la demi-mesure. Ça me paraît extrêmement vraisemblable qu’une alimentation à 500 $ n’apporterait pas grand chose de plus et qu’il faille effectivement aller vers une certaine « extrémité » pour avoir une amélioration significative. J’approuve totalement le concept qui consiste à proposer un excellent produit à un prix extrêmement correct (600 $ + 50 $) et de laisser le choix au client final s’il est prêt à mettre le prix pour le « cran d’en-dessus ». À 2’000 $, je n’aurais certainement pas acheté cet appareil sans l’écouter. Maintenant que je connais et que je comprends le produit, j’attendrai le temps qu’il faudra pour que ma tirelire me permette l’acquisition de l’alimentation « de course ».

Il me reste à parler de la comparaison des différents modes de fonctionnement du microRendu. Comme je suis pressé – par mon enthousiasme – de publier cette page, pardonnez-moi d’être succinct.

Mode Shairport

Au niveau musical, c’est le mode que je préfère, en particulier parce que j’écoute à travers Amarra. J’ai là toute la beauté de la musique, des timbres, des ambiances sonores, de la chaleur, de la transparence. De plus, dans ce mode, je continue à bénéficier des commodités d’utilisation d’iTunes. J’ai mes listes de lecture – matin, concentration, light, ballade, etc. – et c’est le plus souvent ainsi que j’écoute de la musique : je mets en mode aléatoire et je me laisse surprendre par ce qu’iTunes me propose parmi les 555 morceaux le moins récemment écoutés. C’est comme si j’avais un DJ à domicile qui ne me passerait que la musique que j’apprécie, choisie pour être en accord avec le moment que je vis.

Autre avantage à l’écoute dans ce mode, avantage lié à Amarra : je peux bénéficier de la correction logicielle de mon local d’écoute, la technologie iRC. Elle apporte un petit plus que je ne dédaigne pas, toutes choses étant égales par ailleurs.

J’ai trouvé une limitation à ce mode Shairport : apparemment, il n’accepte que le 44 kHz comme fréquence d’échantillonnage. Par conséquent, les pistes en haute définition (48, 88, 96, 176 ou 192 kHz) sont « downsamplées » à 44 kHz par Amarra. Vu ce que j’ai dit plus haut de la qualité du résultat sonore, je ne le vois pas comme un problème. C’est sans doute une limitation du logiciel et je pense fort probable que cette limitation sera levée un jour prochain.

Mode Roon

Roon permet d’écouter aussi bien les pistes stockées localement dans notre phonothèque numérique que les pistes mises à disposition par l’immense catalogue Tidal – à condition d’avoir un abonnement, bien évidemment. Roon, en plus d’être un logiciel documentaire de la musique et un fantastique outil de découverte, dispose d’un module de pilotage de la sortie audio tout à fait respectable. Je le trouve un poil moins chaud et moins « rond » qu’Amarra, mais excellent tout de même. Je le trouve meilleur que le lecteur de Qobuz, par exemple. Donc tout à fait audiophile et plus qu’acceptable pour ce que je lui demande : me permettre de découvrir de la musique et des artistes que je ne connais pas ou peu.

Mode MDP/DLNA

Pour être tout à fait honnête et donner une opinion « autorisée », il faudrait sans doute tester différents logiciels serveurs et différents logiciels « de rendu » 3. Je vous avoue que je n’en ai pas le courage. J’ai fait quelques tests avec JRiver et avec le serveur Twonky. À chaque fois, j’ai trouvé le résultat certe extrêmement détaillé et précis, mais absolument froid et sans vie. Autant dire tout le contraire de ce que je recherche. Alors, en tout cas tant que les logiciels de pilotage ne seront pas capable de gérer des listes de lecture intelligentes telles que celles que j’utilise tous les jours, je n’ai aucune motivation pour pousser plus loin les investigations. Vous qui me lisez, si vous faites ce genre d’expérience, faites-le moi donc savoir. Je serais extrêmement intéressé à y participer ! Je ne cultive pas l’a-priori.

Le 19 mai 2017

logo Olivier Spinnler


  1. Il existe d’ailleurs des appareils hifi qui fonctionnent sur batterie, justement à cause de ce problème. Et bien des audiophiles s’amusent à bricoler des alimentations à batterie pour leurs appareils. Les résultats sont souvents probants, mais pas toujours. Et la commodité en prend un coup. 
  2. Surtout par rapport aux 600 $ du microRendu… 
  3. “Renderer” en anglais.